LA VISITE DU KURSAAL un film de François Rosolato (2001)  
Un homme dans la rue.
Une façade de cinéma désaffecté.
L'homme s’introduit dans ce lieu où des artistes travaillent.
Une certaine agitation s'empare
de lui.

J'ai toujours rêvé d'habiter dans une salle de cinéma. J'ai rencontré Agathe Saint-Girons, sculpteur, à une réunion à Montreuil au sujet de l'urbanisme. J'étais souvent passé devant la façade du cinéma désaffecté de la rue de Paris, le KURSAAL, sans jamais prendre le temps d'essayer de rencontrer les gens qui y habitaient. Je pensais d'ailleurs que c'était un squat, et j'étais étonné de n'avoir jamais rencontré ses habitants dans le milieu des squatters.
Lorsque Agathe m'a expliqué que le lieu allait être démoli, je me suis empressé d'accepter son invitation de visiter son atelier.
Quand j'ai vu le lieu, j'ai eu tout de suite envie de le filmer, de garder une trace de cet endroit.
Très rapidement, un rendez-vous a été pris avec le danseur Yutaka TAKEÏ pour débuter les prises de vue.
Le personnage principal du film, c'est le KURSAAL, un lieu désaffecté que des artistes ont remis en état et où ils ont pu travailler de 1998 à 2001.
Pour moi, il s'agit d'une transformation où le magique a fait irruption.
Il y a un endroit, en haut, près de là où devait exister la cabine de projection, où des images surgissent dans mon imaginaire, celles des « 400 COUPS » de François Truffaut, lorsque Doinel joue au jacquet chez un ami. Ces images du film me faisaient penser à l'époque à Cocteau, maintenant je serai transporté au KURSAAL en revoyant le film.
Agathe Saint-Girons a organisé en décembre 2001 sa dernière exposition au KURSAAL, intitulée « TOUCHE FINALE  ». Les quatre éléments -air, terre, eau et feu- y étaient convoqués. Yutaka, le danseur, incarne l'air ; la terre était représentée à travers les sculptures de Jean-Michel Solvès, l'eau était évoquée par des œuvres musicales de Michel Redolfi et Bernard Parmegiani choisies par le Centre Pierre Schaeffer. Enfin, il appartenait aux sculptures en verre d'Agathe de symboliser le feu.
On retrouve donc dans ce film consacré au Kursaal les éléments de « TOUCHE FINALE », ainsi qu'un aperçu de l'univers d'autres artistes, -comme Jérôme Mesnager-, dont les œuvres n'apparaissaient pas dans l'exposition.
J'ai laissé Yutaka totalement libre, dans le cadre d'un trajet que nous avons repéré au préalable, et d'une musique en décalage avec mes images. Mon désir de plan séquence a évolué au moment du montage, et j'ai choisi de privilégier certains éléments visuels, comme le travail de Yutaka, au détriment de la forme imaginée au départ. Le Kursaal va être rasé dans le cadre d'une ZAC. J'espère que ces images laisseront une trace d'un lieu qui inspirait le rêve, malgré l'absence d'un jeu de jacquet.

François ROSOLATO février 2002.